Quels sont les impacts de ces révoltes ?

1. Des réformes démocratiques.

   Depuis 2010, les signes d'ouverture démocratique se multiplient en Birmanie.
Comme le veut la Constitution adoptée en 2008, la Birmanie voit naître des assemblées régionales un Parlement bicaméral, c'est-à-dire composé de deux chambres (comme, par exemple, en France avec l'Assemblée Nationale et le Sénat).  En préparant les premières élections depuis 22 ans, Than Shwe annonce : " je serai un citoyen ordinaire [...] et mes collègues le seront aussi parce que ce sera un gouvernement civil ".
   Mais ces élections du 7 novembre 2010 s'avèrent n'être qu'une mascarade organisée par le parti pour gagner la confiance du peuple et "maintenir la junte au pouvoir sous un vernis démocratique", selon Renaud Egreteau (voir Bibliographie).
   Le 13 novembre, Aung San Suu Kyi est libérée, symbolisant la résolution du gouvernement à tendre vers la démocratie. Dès le 30 janvier 2011, la censure se relâche : la LND, bien qu'encore interdite, est autorisée à publier un site internet, et Thein Sein appelle les dissidents exilés à rentrer au pays. Le 4 février, Thein Sein est élu président de l'Union du Myanmar ; deux mois plus tard, le 30 mars, la junte est officiellement dissolue et disparaît de la scène politique. Dès la mi-août, les déplacements politiques d'Aung San Suu Kyi reprennent leur cours ; elle est même invitée à rencontrer Thein Sein à Naypyidaw. Une Commission nationale pour les Droits de l'Homme est mise en place. En septembre, la censure est encore adoucie : l'accès des sites internet est plus libre.
Au cours du mois d'octobre, plus de 6000 prisonniers sont libérés, dont 220 prisonniers politiques (l'opposition rappelle cependant que ce n'est qu'un dixième du nombre total de prisonniers politiques birmans), et une loi autorise le syndicatrs et le droit de grève. Le 18 novembre, la LND est officiellement réenregistrée, permettant à ses membres, dont Aung San Suu Kyi, de se porter candidats aux élections législatives partielles qui auront lieu en avril 2012. De plus, le gouvernement birman a annoncé l'organisation de négociations avec les rebelles kachin.
   Cependant, la véritable nature de ces réformes fait l'objet de nombreux débats : l'opposition "refuse de croire à une véritable perestroïka" et pense plutôt qu'elles sont pour Thein Sein le moyen de cacher la nature réelle du régime en gagnant l'estime du peuple birman mais aussi de l'opinion internationale..

2. Une mobilisation internationale.

   Ces ouvertures démocratiques sont accueillies "à bras ouverts" par la communauté internationale, à l'instar de l'Union Européenne qui commence à alléger les sanctions économiques précédemment décidées contre la Birmanie. A l'occasion d'un sommet de l'ASEAN, Ban Ki Moon a déclaré, après un entretien avec le chef de la diplomatie birmane, que "cette discussion d'une meilleure coopération entre la Birmanie et les Nations unies a été très fructueuse", d'après le journal L'Express. Les "efforts démocratiques" de Thein Sein se voient récompensés : en 2014, c'est la Birmanie qui présidera l'ASEAN. 
   Depuis le dernier trimestre de 2011, l'actualité politique birmane est largement médiatisée autour du monde. On le voit d'ailleurs en France : jamais le sujet n'a été évoqué si régulièrement. Les articles de presse et les reportages télévisés se multiplient. Le monde s'intéresse de très près à la candidature de Suu Kyi, souhaitant expressément son élection ; certains rappellent cependant qu'il ne faut pas oublier qu'Aung San Suu Kyi est avant tout une femme politique, qu'elle n'est pas un "messie". 
   Les visites de personnalités politiques en Birmanie s'enchaînent. En décembre, c'était Hillary Clinton qui venait voir Aung San Suu Kyi dans sa maison de Yangon, suivie, un mois plus tard, de William Hague, chef de la diplomatie britannique. Mi-janvier, l'opposante birmane se voyait décorée de la Légion d'Honneur par Alain Juppé, ministre des Affaires Etrangères. La popularité de Suu Kyi auprès de l'opinion internationale grandit. Il faut dire que la mise en place d'une véritable démocratie serait intéressante pour les Etats étrangers : ce genre d'ouverture pourrait permettre de démanteler une partie du "Triangle d'Or", de cette production d'opium qui profitait beaucoup à la junte. De plus, comme le rappelle Renaud Egreteau, les relations entre Birmanie et Corée du Nord sont assez opaques ; certains évoquent même un intérêt possible de la Birmanie pour l'arme nucléaire, détenue par les Coréens. Un Etat démocratique et des relations internationales stables semblent donc être un point clé, du point de vue diplomatique, de l'avenir de la Birmanie.

3. Elections d'avril 2012 : la candidature de Suu Kyi.

   Depuis le ré-enregistrement de la LND, en décembre 2012, Aung San Suu Kyi et ses collègues peuvent compter sur un poids officiel dans la politique birmane. De plus, cet espoir est renforcé par l'annonce de l'organisation d'élections parlementaires en avril prochain.

   Ces élections, qui font partie intégrante des avancées démocratiques promises par Thein Sein, sont des élections législatives partielles, ce qui signifie qu'elles ont pour but d'élire des députés dans certaines circonscriptions où l'on compte des postes vacants. Ces élections devraient se faire par suffrage universel direct, selon les volontés que l'opposition a négocié avec Thein Sein. Elles se dérouleront le 1er avril prochain. Cependant, la Constitution adoptée en 2008 prévoit que seuls 75 % des sièges peuvent être élus par les Birmans, les 25 % restants étant réservés aux militaires : l'avancée démocratique se fait donc lentement.
   Suu Kyi s'est officiellement portée candidate à ces élections le 18 janvier dernier. Fortement soutenue par le peuple birman et par la communauté internationale, elle a tenu à demander aux membres de son parti de se présenter à la cinquantaine d'autres postes soumis aux élections.

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